3 Août 1945 - Ultimes manœuvres ?

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Les membres du gouvernement de Félix Gouin (au centre), avec de gauche à droite Jules Moch (lunettes et cigarettes), Marcel Paul (en partie masqué), X, Gaston Deferre, François-Tanguy Prigent, Francisque Gay, Ambroise Croizat, Félix Gouin, Marcel-Edmond Naegelen, Maurice Thorez, Pierre Teitgen. S.l. [Paris (75)], janvier-juin 1946.

Dernière séance de l’Assemblée consultative provisoire. Elle va examiner le projet du CNR et celui maintenu de la SFIO qui parle de socialisation.

C’est une séance pleine de provocations, de chausse trappe, de manœuvre.

Pour certains, il faut décentraliser – c’est-à-dire éviter le caractère national et sortir la Distribution du projet. Pour d’autres, il faut disjoindre le gaz.

Pierre Le Brun rappelle que la Commission concernée de l’Assemblée a opté pour le projet CNR sur l’essentiel.

Marcel Paul argumente longuement : « Nous nous trouvons devant la nécessité de doubler et même de tripler notre outillage de production hydroélectrique. C’est le problème des investissements formidables qui vont peser notamment sur les secteurs nationalisés ».

Il plaide pour une entreprise intégrée. Le financement étant assuré par les bénéfices réalisés par la Distribution.

Marcel Paul conclut ainsi : « Il n’est pas possible de briser, ni l’unité technique, ni l’unité économique, ni l’unité commerciale des exploitations de Production, de Transport et de Distribution.

Face au risque – réel compte tenu des manœuvres et des pressions patronales – de rejet du projet du CNR, Louis Saillant propose la résolution suivante dont chaque mot compte et est pesé : « L’Assemblée consultative provisoire adopte, dans ses principes, la proposition de résolution présentée par Pierre Le Brun, tendant à inviter le gouvernement à procéder à la mobilisation et la Nationalisation industrielle de la Production, du Transport et de la Distribution de l’électricité et du gaz, dans le respect des droits et des intérêts légitimes des épargnants et de ceux des Collectivités locales ».

Jules Moch, au nom du Parti Socialiste, déclare alors : « Nous retirons notre texte ».

Mais ce n’est qu’une résolution, importante certes, mais il n’y a toujours pas de texte du gouvernement. Une nouvelle bataille va commencer.